« La lecture nous donne un endroit où aller lorsque nous devons rester où nous sommes » – Mason Cooley

samedi 19 mars 2016

Quand une pause s'impose...



J'entends souvent dire que l'écriture est un travail de longue haleine, exigeant de l'endurance et de la rigueur. S'astreindre à écriture régulièrement, tous les jours ou presque, serait la clé du succès pour parvenir à poser un point final à ses projets. Pour ceux qui exercent une activité professionnelle, concilier l'écriture avec le travail, la famille, les amis, les autres loisirs... peut s'avérer compliqué. Et lorsque s'ajoutent des problèmes de santé, d'emploi du temps, de fatigue, de stress, d'inspiration, de motivation, quelle place reste-t-il pour l'écriture ? Parfois, aucune. Viennent alors la culpabilité de ne pas avoir écrit une ligne depuis des jours ; le sentiment d'être dépassé par les évènements ; la perte de confiance en sa plume, en ses personnages, en sa capacité à raconter une histoire ; et finalement, la plus dramatique des conséquences de ce cercle vicieux : ne plus prendre plaisir à écrire.

Perdre complètement l'envie de s'y remettre. 

Ce n'est pas une fatalité. Certaines périodes sont propices à l'écriture ; d'autres non. C'est difficile à accepter, mais on ne peut pas toujours être au top de sa forme - certains y arrivent sûrement, mais il faut apprendre à connaître et accepter ses propres limites. Son propre rythme. J'entends souvent dire qu'il faut se forcer à écrire, même une ligne par jour, pour ne jamais perdre la main. Pour moi, ce n'est pas envisageable. Depuis le début de l'année, j'ai perdu l'inspiration, la motivation, le courage et l'envie de plancher sur mes textes. Je suis dans une période compliquée de ma vie ; et l'écriture ne trouve plus sa place à cause de mon état d'esprit (humeur, fatigue, disponibilité). J'ai presque envie de comparer l'évolution de mon ressenti aux cinq phases du deuil :

     Première phase - Le déni : On commence par minimiser le manque d'inspiration, de temps ou de motivation. On se dit que c'est passager, que ce n'est pas bien méchant si on n'a rien écrit depuis plusieurs jours, voire depuis plusieurs semaines. Dès qu'on a un moment de libre, on réussira à s'y remettre.

     Deuxième phase - La colère : On a réalisé que ce n'était peut-être pas qu'une simple passade comme on l'avait d'abord pensé. On est en colère contre soi-même parce que les mots ne viennent plus - ou plus comme on voudrait qu'ils viennent. On est en colère parce qu'on s'est laissé déborder ; on culpabilise de ne plus réussir à écrire. Ou de simplement ne plus en avoir envie. 

     Troisième phase - Les négociations : Le marchandage, ça ne prend pas avec notre Muse. On voudrait qu'elle soit sympa pour une fois et qu'elle nous laisse écrire au moins un paragraphe, une ligne même... mais elle refuse obstinément de s'abaisser à être sollicitée tous les 36 du mois, quand on a un quart d'heure à lui consacrer entre les courses du vendredi soir et le repas de famille dominical.      

     Quatrième phase - La dépression : On a enfin ouvert les yeux. On a compris que cette période de notre vie n'était pas conciliable avec l'écriture, qui a besoin de régularité, d'un bon état d'esprit, mais aussi de temps et d'investissement. Toutes ces choses, on n'est pas en mesure de les fournir pour l'instant. On se sent triste et coupable de ne pas réussir à écrire un pathétique petit paragraphe. On se trouve mauvais, nul, inutile. On commence à remettre en cause sa capacité à écrire un roman, à raconter une histoire ; on perd confiance en sa plume, en ses personnages, en son monde... On se dit que, de toute façon, on n'intéressera jamais personne. Alors, qui ça peut bien affecter qu'on arrête d'écrire ?
   
     Cinquième phase - L'acceptation : On a pris suffisamment de recul pour se dire que « non, je n'ai plus envie d'écrire pour l'instant, mais ce n'est pas une fatalité. Mon esprit n'est pas disponible pour le moment, trop occupé qu'il est par mes problèmes quotidiens, mais les choses s'arrangeront. Et lorsqu'elles se seront arrangées, mon envie d'écrire reviendra. Comme elle l'a toujours fait jusqu'à aujourd'hui. » En attendant, le meilleur qu'on puisse faire, c'est de s'aérer l'esprit, se changer les idées et alimenter son imagination en se promenant, en lisant, en regardant des films ou des séries, en écoutant de la musique, en jouant à des jeux vidéos... L'inspiration peut-être n'importe où. Et l'envie d'écrire ne reviendra pas en ressassant la même rengaine : pourquoi je n'arrive plus à écrire ? 


Certes, c'est triste d'avoir perdu le goût de l'écriture... mais écrire ne devrait jamais devenir une corvée. C'est avant tout une passion. Si le cœur et l'esprit ne sont pas à l'ouvrage, il ne peut rien résulter de bon.


Pour aller plus loin :
Dédramatiser l'écriture par Mécanismes d'Histoire

      vendredi 11 mars 2016

      Chrysalide d'Ivan Kwiatkowski


      Chrysalide d'Ivan Kwiatkowski
       
      Cinq fleurs : Je suis conquise


      Titre : Chrysalide
      Auteur : Ivan Kwiatkowski
      Genre : Fantastique
      Public visé : Adultes
      Année de parution : 2015
      Nombre de pages : 38 pages (Collection e-courts, Voy'[el])

      Quatrième de Couverture : Une jeune fille est laissée pour morte dans un terrain vague, où un artiste peintre la recueille. Elle est étouffée par la rancœur et il suffoque sous le dôme de verre qui protège la ville. Au milieu des chrysalides, fleurs au parfum mortel, ils devront se reconstruire... ou se détruire. 

      Ce que j'en ai pensé  : J'avais entendu beaucoup de bien de cette courte histoire ; mais également des avis beaucoup plus mitigés. À mon sens, c'est la force même de ce livre. Chrysalide est une histoire sombre, oppressante, étouffante, cruelle, servie par une plume magnifique, nous délivrant des instants de pure poésie. Un contraste saisissant entre la relation chaotique et destructrice des personnages, la noirceur du monde dystopique, et la beauté préservée de certaines choses. Qui doit-on aimer ? Qui doit-on haïr ? Les frontières se brouillent ; ni blanc, ni noir, subsiste seulement du gris. Chrysalide possède un univers, une intrigue et des personnages qui peuvent rebuter le lecteur, le pousser au-delà de ce qu'il est capable d'accepter. Personnellement, j'adore être prise en otage avec mes sentiments. Et c'est ce tour de force que l'histoire d'Ivan Kwiatkowski parvient à réaliser en si peu de pages. Un ravissement.                   
               
      Mon avis en résumé : Une très courte histoire, sombre et cruelle, dont la noirceur et l’ambiguïté pourraient en déstabiliser plus d'un. Pour moi, ce fut un plaisir intense.
       

      jeudi 10 mars 2016

      La Balance Brisée T.1. de Lise Syven


      La Balance Brisée Lise Syven

      Quatre fleurs : J'ai beaucoup aimé


      Titre : La Balance Brisée, tome 1 - Subliminale
      Auteur : Lise Syven
      Genre : Fantastique
      Public Visé : Jeunesse 
      Année de parution : 2014
      Nombre de pages : 480 pages (Éditions Castelmore)

      Quatrième de Couverture : Mystères et sortilèges ! Élie vient de perdre ses deux parents dans un accident de voiture. Depuis, rien ne va plus. À la maison, son frère Karl nourrit une obsession absurde pour les canards en plastique et sa tante Magalie se met à fabriquer des badges à la chaîne. Le jour où l'adolescente surprend des messes basses entre eux deux où il est question d'un Ordre mystérieux et de sortilèges, elle se demande si elle n'est pas la seule personne saine d'esprit de sa famille... Intriguée par tant de cachotteries, la voilà bien décidée à découvrir la vérité sur sa famille et ses secrets si bien gardés !

      Ce que j'en ai pensé  : Encore un livre jeunesse ! J'ai beau répéter que ce n'est pas mon truc... j'en lis quand même pas mal en ce moment. J'avais entendu beaucoup de bien de la Balance Brisée ; et Lise Syven est une auteure un peu spéciale pour moi - puisque c'est en achetant un autre de ses romans que j'ai découvert le forum Cocyclics. Quand sur son fil d'actualités, elle annonce que son roman (numérique) est en promotion à 2,99€... je n'hésite pas à me le procurer. Et ça tombe bien, parce que je pars en vacances quelques jours et j'ai envie de lire un roman pas trop prise de tête.

      Le pari est gagné. Ce premier tome de la Balance Brisée se lit très bien et très vite. L'histoire est entraînante ; les personnages sont bien campés, attachants. Il n'y a pas un moment où je me suis dit que j'avais envie de baffer tel ou tel personnage parce qu'il était nuisible/inutile à l'histoire. On a envie de baffer ceux qui le méritent, et c'est tout ! Le fonctionnement de la magie est plutôt original dans ce roman, et ça, ça m'a bien plu ! Par contre, j'ai parfois trouvé les explications de l'auteure confuses à ce sujet ; je n'arrivais pas à visualiser parfaitement comment étaient réalisés les sortilèges. Du coup, je suis "sortie" de ma lecture à plusieurs reprises... et c'est dommage. Il y a d'autres points qui m'ont moins plu, mais c'est vraiment subjectif et de l'ordre du détail.
               
      Mon avis en résumé : Une lecture plaisante et divertissante, servie par une intrigue prenante et des personnages colorés et attachants. Mention spéciale pour la tantine et la meilleure amie.

      Par contre, à moins de tomber sur une promo, comme moi, je ne vous conseille pas la version numérique : la différence de prix est ridicule entre l'ebook et le livre. Et pour avoir acheté la version papier du deuxième tome, je peux dire que le livre est vraiment très beau (la couverture est top !) J'aime vraiment le numérique, mais là, clairement, c'est le papier qui l'emporte !